Quelle expression employer : « Neige artificielle » ou « neige de culture » ? Eric, un des 14 nivoculteurs du domaine skiable de Serre Chevalier que nous avons rencontré nous donne une réponse claire.
On parle de « neige de culture » car « artificielle » sous-entendrait une fabrication qui ne serait pas 100% naturelle. Or, la fabrication de la neige de culture est belle est bien réalisée avec uniquement deux ingrédients provenant de la nature : de l’eau et du froid.
Voyons maintenant de plus près comment celle-ci est fabriquée. Lorsqu’on fabrique de la neige, il n’est pas possible de reproduire les flocons sous forme d’étoile qu’un enneigement naturel produit puisqu’on ne peut reproduire ce phénomène de cristallisation.
C’est grâce au phénomène de nucléation que le support de congélation est créé. La détente de l’air comprimé avec un peu d’eau constitue de la poussière de glace sur laquelle les gouttelettes d’eau pulvérisées vont pouvoir se congeler avant de tomber au sol . ( C’est le moment crucial ! ) C’est ainsi des milliers de petites billes de glace qui forment la neige de culture .
La production de neige s’effectue dans l’air ; l’eau y est d’ailleurs conduite via un réseau sous-terrain gigantesque. Le domaine skiable de Serre Chevalier compte 569 enneigeurs au total qui recouvrent un tiers du domaine. Le rôle du nivoculteur va donc être d’activer la production de neige et surtout d’en contrôler sa qualité sur les pistes ; et sa teneur en eau pour éviter qu’une couche de verglas s’y forme. C’est une surveillance permanente, 24h sur 24 qui est nécessaire tout au long de la saison même si la production de neige est automatisée par les salles des machines et un réseau informatique.

Nivoculteur salle des machines
On peut aussi se poser la question : d’où provient l’eau utilisée pour produire la neige ? A Serre Chevalier, il y a plusieurs réserves d’eau. On utilise le trop-plein des eaux potables du secteur du Monêtier, les nappes phréatiques de Villeneuve et les rivières des secteurs de Chantemerle et Briançon ; tout ceci dans des quantités réglementées et limitées. Le domaine skiable de Serre Chevalier a mis également à disposition du service de neige de culture des lacs artificiels situés en altitude pour stocker de l’eau qui est d’ailleurs brassée du fond à sa surface afin de la refroidir mais aussi d’éviter la création de glace.
Il est également important de rappeler que l’eau, utilisée pour former la neige, retourne au Printemps dans le cycle naturel des rivières ou bien elle s’évapore.Nous avons demandé à Eric si la neige de culture était vraiment indispensable et quelles étaient ses conséquences sur le ski des clients de la station.
Il nous a répondu que la neige de culture était considérée comme « l’assurance vie de la station » parce qu’on ne peut pas maîtriser la météo et l’arrivée du froid de l’hiver parfois capricieux. Il est donc tout à fait possible d’ouvrir les pistes en début de saison avec pour seule neige, celle de culture lorsque l’enneigement naturel est insuffisant. Elle est comparable en terme de ressenti pour les skieurs à la neige que l’on trouve au printemps, plus lourde, plus compacte mais aussi plus résistante dans la durée. Une fois que la neige naturelle fait son arrivée et que le mélange entre les deux types de neiges s’opère, on arrive à obtenir une qualité de neige optimale capable de satisfaire les skieurs tout au long de la saison ; également travaillée quotidiennement, par les dameurs du domaine skiable de Serre Chevalier.

Neige de culture Serre Chevalier domaine skiable
Crédit photo 1ère image : Stef. Candé.